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Violence et guerres

Plans de travail

Lectures

(à faire avant le 13 décembre)

1° Cris de Laurent Gaudé.

2° Une oeuvre au choix parmi le corpus proposé par des pédagogues bienveillants :

Projet de fin de séquence

Le projet est individuel ou à deux.

 

Il s’agit de réaliser une création artistique autour d’un ou de plusieurs extraits de cris de L. Gaudé.

 

Le projet est destiné à mettre en valeur le sens de l’œuvre Cris.

Le projet est à rendre pour la deuxième semaine de décembre.

Le projet est artistique, c’est-à-dire qu’il peut être théâtrale, filmique, audiovisuel, sonore, musical, pictural, etc.

Séance 1 :

Réflexions.

Pour chacune des problématiques que vous allez rencontrer, partagez, si vous le souhaitez, avec vos camarades, puis faites une carte heuristique ou un sketchnote, regroupant vos idées. 

 

Pensez à organiser vos idées. Elles ne peuvent toutes partir du centre de votre carte.

 

Pensez à illustrer chaque idée par des exemples tirés de l’histoire de l’actualité, de la littérature, etc.

 

Pensez que vous devrez présenter, de manière concise et claire, les fruits de vos réflexions.

#ViolenceGuerre1 :

Selon vous, est-il nécessaire de se souvenir et de remémorer les guerres du passé ?

#ViolenceGuerre2 :

Est-il possible d'empêcher l'être humain de faire la guerre ? Si oui, de quelle manière ?

Séance 2 :

Cris, Incipit.

JULES

Je marche. Je connais le chemin. C’est mon pays ici. Je marche. Sans lever la tête. Sans croiser le regard de ceux que je dépasse. Ne rien dire à personne. Ne pas répondre si l’on s’adresse à moi. Ne pas se soucier non plus, de ce sifflement dans l’oreille. Cela passera. Il faut marcher. Tête baissée. Je connais le chemin par cœur. Je me faufile sans bousculer personne. Une ombre. Qui ne laisse aucune prise à la fatigue. Le sifflement dans mes oreilles. Oui. Comme chaque fois après le feu. Mais plus fort. Assourdissant. Le petit papier bleu au fond de ma poche. Permission accordée. Je suis sourd mais je cède ma place. Au revoir Marius. Je lui ai tendu le papier bleu qu’on venait de m’apporter. J’avais honte. Je ne pouvais pas lui annoncer moi-même que j’allais partir et qu’il allait rester. Le sifflement dans mes oreilles. Ne pas s’inquiéter. Tous sourds. Oui. Les rescapés. Tous ceux qui ont survécu aux douze dernières heures doivent être sourds à présent. Une petite armée en déroute qui se parle par gestes et crie sans se comprendre. Une petite armée qui n’entend plus le bruit des obus. Une petite armée d’hallucinés qui n’a plus peur et ne sait plus dormir. Et dont les hommes restent, tête droite, regard écarquillé, en plein milieu du front. Nous sommes une armée de sourds éparpillés. C’est tout ce qui reste de nous. Ils avaient prévu que cela se passerait autrement. Une grande offensive. C’est cela qui était programmé. Reprendre l’initiative. Enfoncer les lignes ennemies. Une grande attaque. J’y ai cru moi aussi, quand j’ai vu, à droite et à gauche, tous ces types se lever en même temps que moi. J’y ai cru parce que je n’en avais jamais vu autant. Je me suis dit que, là, ils mettaient le paquet que, là enfin, ils se décidaient à percer les lignes d’en face. Oui, mais maintenant c’est fini. Tout ce qui reste, ce sont des bourdonnements dans l’oreille des rescapés. Et on peut dire que la grande attaque, c’est ceux d’en face qui l’ont faite. Un kilomètre. Ils nous ont mangé un kilomètre. Il a fallu courir vite quand ils ont sonné la retraite pour ne pas tomber aux mains des salauds d’en face. Et tant qu’à perdre un kilomètre, j’aurais préféré que ce soit eux qui chargent. Si on n’arrive pas à percer quand on se lève tous comme ça, si on ne passe pas quand on est des milliers à courir en gueulant, je me demande bien jusqu’où on reculera.

Je marche. Je m’éloigne du front. De Marius, de Boris. Et de ma tranchée. Je croise des hommes que je ne connais pas. Tous ceux-là. Les nouveaux arrivés. En rang par deux. Je ne veux pas les regarder. Juste marcher. Droit devant moi. Qu’ils me laissent passer sans m’arrêter. Sans me questionner. 

Séance 3 :

La Propagande

au temps des tranchées

PROJET GERMANO-FRANCAIS :

Vous allez écrire un texte de résistance face à la propagande, et surtout face à la guerre. Il s'agira d'un article de presse.

Dans cet article, vous pouvez :

- dénoncer la propagande des affiches,

- dénoncer la propagande des articles,

- écrire un véritable article de presse qui reposera sur des sources avérées (chiffres, lieux, etc.)

Séance 4 :

La fin d'un roman

JULES

Je cours maintenant. Je sais où je vais. J’ai compris ce que voulais le gazé. Je voudrais lui dire qu’il peut se rassurer. J’ai enfin compris ce qu’ils veulent, tous ceux qui me parlent à voix basse. Je vais me mettre à l’œuvre.

Arrivé à l’entrée du village, je me suis arrêté. Je ne ferai pas deux fois la même erreur. Je n’entrerai pas. Je ne dirai pas un mot. Je veux juste leur laisser une trace de mon passage. Qu’ils sachent à leur tour qui est le gazé. Je me suis agenouillé par terre et j’ai commencé mon travail. Je ne ménage pas ma peine. La nuit tombe doucement. Personne ne viendra me déranger. Je travaille sans relâche. Prenant à pleines mains la terre. Je dois avoir fini avant que le jour se lève. J’ai toute la nuit pour moi. Toute la nuit pour lui donner corps. Je ne sens pas le froid. J’ai fait un gros tas de terre. D’un mètre presque. Je le modèle maintenant. La terre me glisse entre les doigts. Je la lisse. Je l’enfonce. Je lui donne le visage du gazé. Mes mains n’arrêtent pas de glisser d’un bout à l’autre de ce grand corps de boue informe. Je ne pousserai plus aucun cri. Les hommes du village sont sourds et je n’ai pas la force qu’il faudrait. Mais lorsqu’ils se réveilleront demain, ils verront là, à la sortie du village, sur le bord de la route, mon golem[1] de terre qui les regarde sans parler. Je le finis maintenant. C’est un tronc qui sort de terre. S’appuyant de toute la force de ses bras sans que l’on sache si c’est pour s’extraire de la boue ou pour ne pas y être absorbé. Il a la tête dressée vers le ciel. Bouche grande ouverte pour laisser sortir son cri de noyé. Calme-toi, le gazé, je te fais une stèle à ta taille. Pour que tu ne sois pas oublié. Tu peux te taire maintenant et mourir car, par cette statue embourbée dans la terre, tu cries à jamais.

J’ai travaillé toute la nuit. Lorsque le soleil s’est levé, la statue a commencé à se réchauffer lentement. Je l’ai regardé un peu sécher. Je l’ai vue durcir et changer de couleur. Mais je ne me suis pas attardé. Je ne voulais pas risquer que l’on me voie. Je la laisse derrière moi, témoin de mon passage. Témoin du grand incendie des tranchées. Je n’entends plus le gazé. Sa voix s’est tue en mon esprit. Comme s’il avait accepté de glisser en terre et de ne plus respirer. Mais j’en entends d’autres. Oui. Une autre voix a pris la place de la sienne. Je l’écoute. Je le laisse parler. Il me faut chercher un autre village. Pour y planter une autre statue. Je ne rentre pas à Paris. Je couvrirai le pays de mes pas.

 

*Golem (hébreu : גולם « embryon », « informe » ou « inachevé ») est, dans la mystique puis la mythologie juive, un être artificiel, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre.

Questions : 

Pour répondre aux questions ci-dessous, vous n’hésiterez pas à utiliser l’intégralité de l’oeuvre si besoin.

 

1° Quel est le « travail » dont parle Jules dans cet extrait ?

2° Qu’est-ce qui pousse Jules à entreprendre un tel « travail » ?

3° Pour quelle raison Jules travaille-t-il à ce moment de la journée ?

4° Que constatez-vous entre l’incipit* du roman et son excipit* ?

 

*Début / *Fin

Séance 5 :

L'art et la guerre

​© 2017-2018 par Cyril Mistrorigo.

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